• Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980

    Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980

     

    C’est une période marquée par la nette domination du marché par les producteurs Japonais. La bande des 4 (Honda, Yamaha, Suzuki, Kawasaki) se tire la bourre constamment en terme de concurrence.

     
    Les constructeurs Anglais ayant fermé les uns après les autres, les Italiens résistent avec Ducati, Aprilia et Moto-Guzzi, les Allemands consolident BMW, les Etats-Unis protègent leur marché intérieur pour Harley-Davidson. 

    Sporadiquement, quelques constructeurs isolés vont faire l’actualité par leur originalité et les performances de leurs productions (hélas pour leurs prix élevés parfois). 
    Notons le Vendéen Martin (pour les cadres et les assemblages sportifs), l’Italien Bimota dans le même esprit, Barigo (pour le tout terrain), BFG et MF avec les moteurs de Citroën GS et Visa,Voxan, Buell, etc... 

    La moto contemporaine voit un marché en pleine expansion, des créneaux commerciaux spécifiques (des « niches »), des technologies toujours plus poussées et complexifiées, des performances toujours plus importantes sur des machines toujours plus fortes en cylindrée, destinées à un usage quotidien. 

    Les limitations de vitesse, les radars de plus en plus nombreux (les fameux « barbe-culs), et le trafic routier de plus en plus dense font se modifier les comportements. On roule moins vite, et la vitesse se pratique maintenant volontiers sur les circuits qui sont encore trop peu nombreux. 

    Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980 Les motards portent des cuirs et des casques de couleur, des vêtements synthétiques… les équipementiers et accessoiristes s’en donnent à cœur joie pour répondre aux besoins ou les créer de toute pièce. Les budgets consacrés à la moto sont lourds, autant pour leur achat et leur entretien que pour l’équipement du motard, voire la personnalisation de la machine. 

    Les accidents et la vulnérabilité des motards, les coûts élevés des réparations et des soins, la facilité et la fréquence des vols de moto, la jeunesse du public et son inexpérience sanctionnent parfois lourdement le budget « assurance ». 

    Des pratiques diverses : 

    Les motos servent à « s’amuser » tranquillement ou à se mesurer à d’autres compétiteurs : 
    en tout terrain (le moto-cross outdor ou indor, le trial dans les mêmes conditions, l’enduro, le rallye-raid), en acrobatie (le stunt), en accélération et en dérapage : le grass-track sur piste ovale en herbe, le speedway sur piste ovale cendrée, le short-track ovale en terre, le dirt-track, le sand track…(en Angleterre, aux USA, en Nouvelle-Zélande). 

    Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980

    Notons aussi l’engouement pour le Super-Motard, entre la glisse et l’accélération. 
    Les courses sur glace, avec des monocylindres 4T gavés, et des roues avec 180 clous de 30 mm à l’ar, 90 a l’avt. 
    Le hill-climbing sur des montées infernales, le dragster made in USA pour la vitesse pure sur des runs courts, 
    L’Enduro raid : longues et rudes épreuves de tout terrain (vient des USA, avec par ex la Baja 1000 miles Mexicana, en californie), et les incontournables Enduro des Sables (Le Touquet) et le rallye raid par excellence : le Paris Dakar. Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980

    Ces épreuves entre piste et cross, vont faire rêver et même faire accroître le marché spécifique des « trails ». Chaque acheteur s’achète une partie du mythe de l’aventurier... 

    Un parc qui augmente toujours plus : 

    Une hausse des pouvoirs d’achat, une baisse relative du prix des machines qui sont concurrentes sur le même marché, et les concepts grandissants de « moto pratique » (tous les jours en ville) et de « moto loisir » (pour les we) vont populariser la pratique de la moto. 
    Certains modèles vont faire l’objet de véritables cultes… des mythes naissent et consolident un peu plus la magie du monde de la moto et l’attrait qu’il exerce sur les futurs motards… 

    Les side-car : notons une popularisation de ce type d’engins dans les années 80/90. Les constructeurs français (Héchard, Goliath, Jeaniel, Béringer, Panda, Poly-fay, Side-Bike…) sont inventifs, et de nombreux motards ne vont pas interrompre leur parcours de motards avec l’arrivée des enfants. Les clubs aux ambiances familiales sont dynamiques (SCCF et ASF). Saluons leur existence encore aujourd’hui. 

    Les concentrations et les Moto Clubs : 

    Comment décrire ce qu’est une « concentre » ? : 

    C’est quasiment un besoin vital de se réunir, et se déplacer en groupe, en bande... indépendant face à une société qui le malmène et qu’il repousse, le motard devient collectiviste lorsqu’il s’agit d’assouvir sa passion... 
    Les concentrations sont des prétextes. Réunit deux des plus fortes motivations du passionné, le goût de l’effort et le désir de rencontrer d’autres motards. Le temps de quelques heures, d’une courte nuit en pleine nature, la moto est au centre de ces réunions de passionnés, après quelques centaines (voire milliers) de kilomètres dans des conditions climatiques parfois difficiles. Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980

    Rejoindre le lieu d’une concentration suppose généralement un long périple qu’on entreprend au lever du jour. On part seul ou en petit groupe. Plus tard on retrouvera de plus en plus de motards sur la route, convergeant de partout vers le lieu choisi. Les premières centaines de kilomètre sont coupés de petits arrêts café, on se réchauffe les pieds les mains et l’intérieur. La machine ronronne... 

    On ressent différemment la nature, car nous en sommes plus proches qu’habituellement. Au petit bistrot quand on s’arrête prendre un café, les gens engagent facilement la conversation, ils s’étonnent que vous alliez si loin, comme ça, pour « rien »... 
    A l’arrivée les copains sont là, et on se retrouve pour planter sa tente. Le plus souvent les organisateurs ont prévu un repas chaud, et du bois pour faire de beaux feux... (NB : c’est bien pompé sur le bouquin « Toute la moto », Guido Béttiol et Pierre Barret, 1973. Bon ok, ça commence à dater mais ça décrit très bien l’époque). 

    Le mouvement des concentrations s’est un peu ralenti, au profit des grands rassemblements que sont le Bol d’Or (depuis 1922), les 24h du Mans (depuis1978), les GP au Mans, La Madone des Motards à Porcaro (56), le salon de Pécquencourt (59), les coupes Moto Légende (21), l’Enduro du Touquet et les grands rassemblements caritatifs, etc. 

     

    Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980

    Ces concentrations sont millésimées, et on arbore avec satisfaction le petit souvenir de l’année qui témoigne de sa présence. Avoir été présent l’année où il a fait si froid, ou l’année où il y a eu le plus de monde… peut changer la qualité de la réunion, mais pas le plaisir d’avoir « enquillé les bornes » pour y aller seul ou avec les copains ! 

    Un écusson, une broche, un pin’s alourdira plus ou moins discrètement le blouson de cuir ou le gilet de jean. Certains clubs affichent aussi leurs couleurs au dos des blousons… C’est toute une mise en scène avec ses rites et ses conventions qui se recrée pendant les WE de concentre.

       Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980         On ne différencie plus (?) les classes sociales qui sont mêlées pendant un temps, et le sentiment d’appartenir à une même « famille » de passionnés est fédérateur. 
    Quelques petits clubs refont des p’tites concentres « à l’ancienne », avec peu de moyens, dans un esprit qui se veut simple et convivial. 

    Les grands évènements sont des véritables mythes que chacun se doit de vivre un jour... aussi qui n’a pas rêvé devant les récits des copains ou des revues spécialisées à propos du fameux TT de l’Ile de Man et de sa « bike week », des Eléphanttentrefen en Allemagne, des Pinguinos en Espagne, du Kristal Rallye en Norvège, du rassemblement de Faro au Portugal, de Daytona et son célèbre « banking », du North West 200 en Ulster, des célèbres circuits de GP en Europe, tel qu’à Brno en Tchéquie, ... ? 


    Et les Moto-Clubs... ? : 

    Au tout début des années 70, de nombreux motards refusent la tutelle officielle de la FFM (Fédération Française de Motocyclisme) qui régit et fédère les associations. Les Moto-Clubs se disent alors « Moto-Clubs Pirates » (MCP) en opposition aux règles jugées trop lourdes instituées par la Fédération. (Mai 68 est passé par là). 

    Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980 Les MCP évoquent les prémices d’un mouvement qui dure encore (la FFMC : « Fédération Française des Motards en Colère » qui naquit en février 1980), qui s’était cristallisé autour de quelques revendications majeures (comme le refus d’un impôt supplémentaire et spécifique à la moto, la fameuse « vignette » en 1980, et la création d’une mutuelle spécialisée dans la couverture des risques moto, la « Mutuelle des Motards »). 
            On fera l’hypothèse que cette tendance « rebelle » diminue notablement alors que l’individualisme grandit dans notre société, et à mesure que la pratique de la moto « loisir » augmente et que la consommation croît... 

    Les Moto-Clubs fonctionnent souvent sur le mode associatif, certains ont des sections Moto-Cross, ou des sections Tourisme. La plupart ont pour but de regrouper localement les passionnés de moto, et organisent des ballades, des concentres, des évènements qui dynamisent le club. 
    On se retrouve aussi simplement au troquet du coin, le vendredi soir, pour discuter jusque tard dans la nuit. 
    Nombreux sont les M-C à avoir des difficultés de fonctionnement, car comme partout dans le milieu associatif, le bénévolat a des limites et les motivations s’épuisent ou se font rares. De tous temps, certains motards ont eu du mal à accepter les « organisations » et les contraintes des clubs, et bon nombre n’ont jamais adhéré à un M-C. 

                         Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980

    Il faut dire que regrouper des gens différents n’est pas une mince affaire, même si le dénominateur commun est la moto. La communauté motarde est traversée par les tensions sociales et les difficultés relationnelles. Les valeurs de tolérance et de solidarité n’empêchent pas des groupes de se scinder. Ainsi, dans la pratique, des clubs exclusivement « réservés » à tel ou tel modèle voient le jour, et des campements « réservés » sont délimités dans certains rassemblements... 

    Les différentes pratiques de la moto vont créer des clivages : les « minets », ou « frimeurs », ou « motards du dimanche » avec motos neuves, chromes et plastiques toujours propres ; les « roule-toujours » ou les « purs et durs » avec des routières chargées, sales et fortement bornées ; les solitaires ; les inconditionnels des sorties en bande, drapeaux et couleurs affichés ; les campeurs avec le feu de camp ; les partisans de l’hôtel et du restau ; ... autant de représentations et de préjugés qui vont nuire au mythique esprit de tolérance de la « communauté ». 

    Episode 6 : la moto contemporaine, depuis 1980 Le « salut motard » : viendrait des années 70 quand le pilote Barry Sheene faisait le signe V quand il gagnait ses GP, mais on sait que les motards d’avant 70 se saluaient respectueusement quand ils se croisaient. 
    Ce salut est popularisé et on observe surtout que c’est une façon de se distinguer, d’intégrer une communauté, de signaler à l’autre qu’on fait partie de la même famille… Ce salut fraternel est expliqué par les rencontres faites sur la route, comme témoignage d’une même démarche et comme promesse d’une solidarité infaillible, à une époque où les machines moins fiables qu’aujourd’hui tombaient en rade sur le bord de la route... 

    Très vite, ce salut va aussi souffrir des clivages existants entre les différentes composantes du milieu motard. Ainsi, certains « sportifs » ne saluent pas les 125cc, ou certains « roule-toujours même en hiver » ne saluent pas les « kékés de l’été », et inversement. 



    Quelques machines qui vont marquer les générations 70-80-90-2000 : 

    Honda : CB 250 et 350, CB 450, 350 Four, 500 Four, 1000 GL (l’ancêtre de toutes les GW), 1000 CBX 6 cyl, 500 XLS, 900 Bol d’Or, 500 CX et CXTurbo, 1100GLDX, 1200 Aspencade, 500 CB ( CB Cup des années 90), Paneuro ST 1100, 1500 GW, CBR 900, CBR 600 

    Kawasaki : 500 Mach3, 350 S2 et 400 (des fameuses Coupes Kawa des années 70), 750 H2, Big-Horn 350, 900Z, 650Z, les GPZ, la 1300 Z 6 cyl, les Stinger, les ZRX et ZZR 

    Suzuki : T 250, T 500, GT 750, GT 380, GT550, 750 GS, TS 400, les Katana, DR 600 et 800, GSXF 750, les GSXR 

    Yamaha : DT1 250, RD 400, XS 650, TX 750, XS 750, DTMX 125, XT 500, XT 600 Ténéré, XS 1100, RDLC 350 (les Coupes Yam), XJ 900, VMax, Venture, fzr 1000 Exup, yzf 1000 R1 

    BMW : R75, R90S, R80GS, R100GS, K100, K75, K1 

    Ducati : les Scrambler, les Panta, Darmah, MHR, 851, 916, Monstro 

    Citons également, Harley-Davidson (Fat-boy, Roadking), 
    Moto-Guzzi (V7, California, Le Mans, GT, Daytona), Laverda (SF 750 bi-cyl, 1000 Jota et RGS tri-cyl) 


    Quelques machines d’exception : 

    La 1200 TS Munch-Mammuth, la 500 Norton Manx, la 1000 Vincent-Egli, l’Amazonas 1300, la SS100 Brough-Superior, la Yamaha 750 OW1 (Coluche et son record du monde de vitesse), la NR 750 Honda, la 500 V8 Moto-Guzzi, une Bimota, la X75 Hurricane Triumph, la 900-6 Benelli, la Ducati MHR Réplica, le solex et la mobylette bleue... 

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