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Eddy au Nordkapp (février 2016)
Par choraleur. dans Des virées parfois lointaines, des destinations, des itinéraires ... le 6 Septembre 2016 à 12:08« objectif nordkapp »
Septembre 2015, fort de mes différentes expériences en moto, et attiré par le cap nord et ses aurores boréales, je décide de m’y rendre en side car. Ce voyage hors du commun, aura un but caritatif et plus particulièrement en faveur d'enfants en difficultés familiales .
Plusieurs enseignes décident de me soutenir : les magasins d’usine motoport, Gerbing, zerider , moto axe et suzuki bourg en bresse, speedy, le spécialiste montagne expédition, les mutuelles d’assurances viriat, pizza pasta, les boxeurs burgiens, la ffmc01, le groupe de rock the watts et beaucoup de copains.
Après avoir préparé le side (prêté par le coordinateur de la ffmc01) spécialement pour le périple et rassemblé tout le matériel nécessaire, je décide de me lancer fin février.
Le side car :
GSX1100 G de 1992 panier gx racer
Modifs :
Augmentation du pincement
Mise en place d’un système pour durcir ou assouplir la direction
Couplage d’un second frein sur la roue du side avec la roue arrière de la moto et remplacement du maître cylindre d’origine de 12.5 cm par un 19 mm puis rajout d’un limiteur de frein a réglage manuel .
Fabrication d’un second faisceau électrique indépendant pour le branchement des éléments chauffants en particulier la tenue complète chauffante gerbing (chaussettes, pantalon, veste et gants) et de multiples prises gps etc…
Installation d’une batterie de secours dans le coffre du panier branchée sur une prise allume cigare pour qu’elle conserve sa charge.
Manchons chauffants sur le guidon
Pneu neige avant de la moto et panier hankook, se sera un dunlop pour l’arrière de la moto. Des clous spéciaux y seront vissés en cours de route.
Installation d’un cerclage en acier autour du panier pour le protéger puis installation d’un second phare sur le coté du panier pour éclairer l’accotement.
Huile moteur la plus fluide possible et bien sûr révision d’usage avant le départ. A noter que par températures extrêmement basse, j’ai appauvri la richesse ¼ de tours pour que le moteur conserve une bonne température de fonctionnement.
Des cales pour le side dont une cloutée et une caisse à outils bien garnie.
Pilote et camping :
En plus d’une tenue conventionnelle d’hiver,1 veste chauffante gerbing, gants chauffants gerbing, chaussettes chauffantes gerbing, pantalon chauffants gerbing. Le must !!!
Tenue de pluie 100% étanche
Botte de haute montagne -40
1 Duvet – 10 + 1 duvet -40
1 Réchaud a gaz et 2 réchauds à alcool fabrication maison
Tente 2 secs décathlons
1 pelle américaine
1 réserve de 6 litres de carburant.
Le grand jour est arrivé !
Je démarre de Bourg en Bresse du local de la FFMC accompagné par une trentaine de copains sur le début du périple. J’enchaîne les villes : Macon, Mulhouse avant de bivouaquer vers minuit dans un champ juste avant l’agglomération. Je m'aperçois malgré les essais effectués que ma vitesse maximum ne pourra être que de 110 car au-delà je devrai m'arrêter tous les 90 kms pour le plein. Ça suce ces engins! J'en déduis que rouler plus doucement me fera gagner du temps car je m’arrêterai moins souvent. Les modifications opérées sur le side sont géniales en particulier le réglage du pincement. Quelque fois j'ai l'impression d'être sur des rails. Avec le poids des bagages je sens la roue du panier collée au sol. Je me sens en sécurité.
Les copains m’ont dit « un side, ça passe partout ». Ben, non…
Le deuxième jour, je me lève à la bourre. J'ai prévu d’atteindre la Baltique le soir après 1000 bornes d'autoroute que je voudrais torcher vite fait car ça m’ennuie. Mais avant je dois passer prendre des bottes et un duvet moins 40 chez « montagnes expédition » qui a la gentillesse de me prêter le matos. Je galère, l'adresse n’étant pas la bonne, le magasin ayant déménagé depuis peu. Au bout de 2 heures et de multiples recherches, je tombe sur un quidam qui connait et me donne le trajet. Je récupère le matériel, discute, échange, fais quelques photos… Le gérant m'explique qu’il est issu du milieu de l'automobile et qu’il est spécialiste des systèmes de freinage. J'en profite alors pour lui expliquer mes transformations sur les freins du side afin d’avoir son avis. C'est aussi un alpiniste aguerri qui a voyagé dans le monde entier. Je lui montre donc ma tente 2 secondes sport 2000 et lui explique que je ne la trouve pas top. Et là il me donne une tente décathlon! Vraiment sympa ce type !
Vers 12 heures, je prends l'autoroute pour une longue traversée. Le side guidonne : le problème est dû à sa largeur "d'essieu" qui est inférieure aux traces creusées par les camions sur la voie. Mais je roule tranquillement. Vers 19 h je subis la première chute de neige 200 kms avant Hambourg. Je m'arrête, pose les rangers, enfile les bottes moins 40, la veste et gants chauffants gerbing ainsi que la tenue de pluie. J'en profite pour essayer les manchons chauffants. Ceux-ci sont pratiques car ils permettent de sécher l'extérieur des gants. Finalement, je ne serai pas à la Baltique ce soir mais j'ai fait 850 bornes et en side, pour une première je suis fier de moi. Je me pose dans un champ juste avant Hambourg. Je prépare mon repas sur le réchaud et file dormir. Mes avant-bras sont tétanisés et je pense que le sport que j’ai pratiqué est un sacré plus !
Le troisième jour, comme d’habitude, je me lève dans l’urgence. Je sors de la tente et remarque que la barrière est fermée alors que la veille, elle était ouverte. Le propriétaire est passé, mais ne m'a pas dérangé. Avec mon expérience, je me répète qu’il n’y a vraiment qu’en France que je suis emmerdé! Les bagages sont chargés et il est l'heure de partir. Le side est sur un chemin de terre étroit. Comment faire demi-tour? Le champ est détrempé par les chutes de neige récentes. Je me remémore ce que m'ont dit les copains "un side ça passe partout". Je prends un peu d’élan et entame mon demi-tour dans le champ et ce qui devait arriver arriva. Je suis bien planté! Pas moyen de pousser ni de reculer. Cette 3 ème roue qui devait être un avantage, là elle m'em....de. Je sors mes sangles, les attache bout à bout. Heureusement, j'ai la longueur nécessaire pour atteindre la partie sèche du sentier. Je pourrai être tracté facilement. Je vais sur la route pour stopper la première voiture qui passe. C’est mon jour de chance. Le mec s'arrête et me dépanne.
C’est super, je n'ai pris aucun retard. Je prends la route pour atteindre le ferry à 13h en direction du Danemark. L’Aventure commence, quel bonheur! Je dîne à bord (c'est le grand luxe) avant d’aller admirer la mer depuis le pont. Je ne voudrais surtout pas louper la vision des terres danoises. Je descends regarder mon niveau de carburant avant d’enquiller la route en direction de Copenhague. Les kilomètres défilent. Je devrais arriver à la limite du rouge à la prochaine station. Je passe sur la réserve ; je surveille. La réserve fait 30kms. Le prochain pont me paraît extrêmement long. Je ne prends pas de risque et stationne pour sortir le bidon de 5 litres que j’ai en cas d’extrême urgence. Mais je ne comprends pas trop ce que j'ai fait : je devais prendre 2 ferrys ! Arrivé à Copenhague, je m'arrête dans un Mac Do pour donner des nouvelles sur la page facebook du voyage. Je me sens léger, heureux. Ce voyage n’est que du bonheur. Je repars en direction de la Suède en traversant le grand pont qui enjambe la mer. Il fait nuit, c'est dommage mais je peux contempler au loin les magnifiques lumières de la Suède. Le pont aussi, c'est génial. A la douane suédoise, les autorités me demandent où je vais. Ils vérifient que j'ai les pneus nécessaires et je leur montre mes clous à visser qui sont dans le coffre.
Je suis bien, je décide de rouler, rouler....Il commence à faire tard. Le brouillard est maintenant de plus en plus dense. J'essaie ce phare latéral que j'ai fixé sur le panier mais la visibilité ne s’améliore pas. J’essuie ma visière régulièrement avec la raclette fixée sur les gants chauffants Gerbing. C’est trop génial ! La route brille. Je me demande ce qu’est ce truc sur ma visière quand j'essuie. De la glace! Waouh c'est la première fois. C'est bizarre cette tenue chauffante qui désormais ne me quittera plus. Je ressens du chaud et il gèle. Habituellement en moto, le ressenti du corps correspond à ce que tu vois et là pas du tout. Je me dis qu’il faut faire gaffe et être plus vigilant. La chaleur ressentie pourrait me faire oublier que je roule sur le verglas surtout en journée. Il est 23 h et je suis près de Göteborg. Le brouillard est trop dense ; c'est dangereux. Je me pose à l'entrée d'un village, mange un cassoulet au réchaud et direction mon duvet!
Quatrième jour et je suis quasi à la moitié du chemin jusqu'au cap. J’ai prévu de passer par la Norvège mais pourquoi pas la Suède ? Je sors la tête de la tente et découvre un magnifique paysage blanc de givre. Il est superbe ! Après un café vite avalé, j’enfile ma tenue chauffante Gerbing je plie le campement. C’est un peu galère, la capote du panier est gelée les fermetures aussi. Il est temps de reprendre la route pour arriver au Kristallrally à 300 kilomètres au nord d’Oslo le soir. Il y a un grand soleil toute la journée et je suis impatient de quitter la 2x2 voies tout en me demandant comment ce sera après. Je quitte ce grand axe et là c'est génial ; je découvre la vraie Norvège, les petits villages, les jolies maisons en bois rouges ou blanches. Tout est recouvert d'une très grosse couche de neige mais je roule encore sur le goudron sauf par endroit. La circulation est très dense sur cette petite nationale. Je ne roule pas vite mais je profite. Au fur et à mesure que je me dirige vers le grand nord, je commence à éveiller la curiosité des locaux. Dans les stations-services, les gens me posent des questions, me prennent en photo, c'est bizarre. Le soleil commence à bien descendre. Cette petite route sans marquage au sol est bien sinueuse et commence à glisser.
Je me cale derrière un camion et je roule. Il me reste environ 200 bornes avant le Kristall. Je m'arrête pour un ultime plein, je fume une clope, dégivre la visière. Mais pas moyen de repartir, ça glisse ; les stations ne sont pas dégagées et je n'ai pas encore vissé mes clous. Je ne le sais pas encore mais ce qui m'attend sera la pire portion de route que je ferai en Norvège. 50 kilomètres à 40 à l'heure entre les camions sur une route en travaux. Je roule visière ouverte, je ramasse toute la poussière, j’en ai plein les yeux. La route est peu large, très cabossée, j'ai du mal à voir les trous, il fait nuit. Ça secoue fort ! Et en side pas évident !
Cette portion achevée, je m'arrête boire un petit café. Je vérifie ma monture. Tout va bien, je continue. J'arrive à Tynset quand les choses sérieuses commencent : la ville n'est pas déneigée, le side patine dans les côtes. Je pense qu'il s'agit de chutes de neige récentes, que plus loin ça ira mieux mais je me trompe. Je vois les panneaux qui indiquent la ville de Roros à 50 bornes. Super je suis presque arrivé mais ce sont mes premiers tours de roue sur la neige et la glace et je me demande combien de temps je vais mettre pour abattre cette distance. J’ai atteint ma vitesse de croisière environ 50 à l'heure. Avec mes vêtements chauffants, j'ai l'impression qu'il fait doux, je me sens heureux et je fais fi du temps qui passe. Le side a un comportement très sain. Arrivé à Roros, je trouve l'hôtel du Kristallrally, je prends ma chambre et me précipite au resto pour casser la graine. Je passe la soirée avec un Français venu en side également de Lille je crois.
La neige, le verglas, le froid, les crevaisons et les galères sont présents sur une bonne partie du trajet…
J’arrive au cinquième jour de mon périple. Je déjeune tôt avec le Français. On rencontre les organisateurs, on papote mais je dois partir. Je fais mon sac, je visse les clous dans mes pneus avec une visseuse prêtée pour l’occasion. C'est nickel. J'avais observé les roues des locaux pour savoir comment les disposer. Je décide de ne pas clouter la roue du panier du side. J'ai peur qu’en cas de gros freinage, ça me fasse dévier sur la droite. Il m’est difficile de partir surtout que les rencontres et les échanges se multiplient mais il faut y aller! Il neigeote sur le départ mais le soleil fait son apparition très vite. Je roule en direction de Haltdalen sur une route qui traverse les gorges de la Glomma. Elle est complètement enneigée mais je me régale avec le soleil, les paysages, les fortes pentes où le side tient bien le pavé.
Sur ces départementales avec une autonomie essence limitée, il est parfois difficile de trouver du carburant. Il faut anticiper mais la beauté des paysages me fait oublier tous ces petits tracas. Au fur et à mesure que l'après-midi se passe, la neige commence à tomber. Sur la visière du casque, elle accroche c'est vraiment casse-cou. Je suis à Stroren quand je retrouve l’E6. La visière commence à geler des deux côtés. J’utilise mon chiffon rangé dans ma veste chauffante et je m'arrête régulièrement pour dégivrer. Un ultime plein et je pose la tente pour la première fois de mon voyage sur la neige. Je suis à l'abri sous les arbres et j'ai trouvé une combine pour faire tenir les sardines de la tente dans la poudreuse. Je cuisine mon repas avec le réchaud à alcool fabriqué maison pour l'occasion. Il y a un épais tapis de neige. Je gare le side en pente pour avoir le bénéfice du poids et repartir plus facilement le lendemain matin. Je lui mets les cales à clous qu'un pote m’a fabriqué car il a tendance à glisser. Je sors le duvet de sa housse, il conserve sa forme, il est gelé ! Ça va être dur de s'enfiler dedans ! Je m'endors sans difficulté après avoir secoué le toit de la tente pour faire tomber la neige et soulager en poids.
Le sixième jour, je me réveille avec le toit de la tente à 10 cm du nez. Il a neigé la nuit, la tente s'est affaissée. Je m'habille, me brosse les dents. Je dois faire chauffer le dentifrice au bain marie pour le décongeler. Je galère pour enlever les cales. Le side a glissé. Je démarre, le poids dans la descente m'aide à braver l'épaisseur de neige mais en bas je reste coincé. Je dois dégager la neige à la pelle sur quelques mètres pour regagner le goudron. Je roule en direction de Trondheim. Les kilomètres, pause cigarettes, carburant et photos se succèdent jusqu'à ce que j'entende un bruit bizarre. Mon inconscient savait que j'avais crevé mais je ne voulais pas l'admettre. Je me suis dit que c'était le bruit de la neige qui fond sur la culasse bien chaude car je roulais maintenant exclusivement sur 2 cm de glace. Je reprends la route. Le side part en crabe dans chaque courbe et sur chaque irrégularité de la glace. Je dois me rendre à l'évidence, j'ai crevé. Je m'arrête, sors la pompe à pied et là je découvre que le froid et le pliage du tuyau ont percé celui-ci. Je me retrouve sans rien pour regonfler. La prochaine station indiquée par le GPS est dans 5 kms. Je décide d'y aller tout doucement avec des pu....de camion qui me collent au c... du side qui roule en crabe. Arrivé à la station, je trouve le clou qui a provoqué cette crevaison. Je le visse plus profond pour l'isoler du contact avec la glace. Le produit que j'ai fait mettre dans le pneu pour pallier la crevaison doit être gelé. J'achète une bombe anti crevaison que j'injecte dans le pneu et qui a l'air de tenir.
Je repars sur la glace et sous la neige. Les manchons de mes gants chauffants sont gelés mais les gants sont chauds et confortables à l'intérieur. Après un tête à queue involontaire et quelques frayeurs, je trouve mon rythme et me détend derrière le guidon. Il fait nuit, je dois trouver un endroit pour poser ma tente. Je m'arrête moteur tournant pour alimenter mes équipements chauffants, consulte mon gps et dégivre ma visière. L'idéal, serait de camper à l'entrée d'une ville pour trouver des gens qui me dépanneraient en cas de souci. Au moment de repartir, je cale. La batterie est hors service. J'ai consommé trop de courant au ralenti. Je suis seul dans la nuit et le froid au bord de la route. J'ai une batterie de secours mais je me dis que j'ai peu de temps pour éviter les engelures aux mains. Le plus judicieux serait d'arrêter une voiture. Ils doivent bien avoir tous des câbles ici ! Je compte sur la chance que j'ai toujours quand j'ai un pépin. J'ai bien fait, un fourgon arrive. Les câbles branchés, le moteur vrombit au premier coup de démarreur. Je décide de dormir à l'hôtel pour démarrer du bon pied le lendemain matin, charger la batterie. J’en ai vu un à 5 kms, demi-tour et go ! Pas besoin de redégivrer la visière, elle restera ouverte. Il n’y a que 5 bornes (grave erreur !). Je suis surpris de ne pas trop ressentir le froid, juste quelques picotements sur le front. J'arrive sur le parking de l'hôtel, il y a des camions militaires partout.
Je rentre, passe à côté d’un gaillard en tee shirt dont on voit les bras tatoués. S’il est motard, je suis sorti d’affaire. Je me trouve dans le hall de l'hôtel, le comptoir se trouve au fond, je demande une chambre. L'hôtel est complet à cause de la manœuvre militaire. Le gaillard que j'ai croisé a entendu la conversation. Il me prend par le bras et me dit « viens avec moi ». Il me conduit dans un bâtiment où se trouvent à l'étage une grande cuisine et un grand salon. Il me montre le canapé pour passer la nuit, il me prépare à manger, c'est super cette aide ! Je ne me suis pas trompé c'est un motard admiratif. Ses potes arrivent et décident de me donner une vraie chambre avec douche, wifi, chauffage. C'est le luxe.
La soirée se passe en discussions, échanges au milieu de cette solidarité motarde. Avant de me coucher, je regarde la carte. Je suis monté en 6 jours et il m'en reste 9. Les ennuis de la journée m'ont retardé et j'ai trainé un peu au Kristallrally. Si je veux accélérer le rythme malgré le fait que je sois déjà quasiment au cercle arctique, je dois changer mon parcours et faire une croix sur les îles Lofoten. Je décide de passer en Suède car là-bas les routes sont dégagées. Dans 50 kms au nord, il y a une petite route pour bifurquer, je vais la prendre. Avant de me coucher, j’apprécie une bonne douche bien chaude. C'est là que je m'aperçois que les 5 kms visière ouverte ont fait des dégâts. J'ai le front gonflé et une arcade rouge, une brûlure de froid. Je décide de ne pas la soigner malgré la pommade que j'ai prévue. En effet la pommade contient de l'eau et si je l'applique au contact du froid, l'eau va geler et accentuer la brûlure.
La fin du rêve et le demi-tour pour rentrer mais des rencontres inoubliables.
A l’aube du septième jour, le soleil est présent pour plier bagage. Le copain est parti au boulot, je suis seul. Je file prendre un petit déjeuner à l'hôtel d'en face. Des gens super accueillants refusent que je règle mon repas. Il faut dire que depuis hier soir, je suis un peu l'attraction du village. Apres avoir galéré à dégeler le commodo de la moto, je trouve un gars avec des câbles et une voiture pour démarrer la bécane. Le radiateur d'huile fume. Malgré les - 30 de cette nuit la moto tourne nickel.
C’est reparti en direction de la Suède. J'alterne entre soleil et chutes de neige. Au moment où j'arrive à la hauteur de la bifurcation de la Suède, je croise une voiture de curieux. Les gens s'arrêtent pour me demander ce que je fais là avec mon side. J’explique, ils font des photos et j'en profite pour me renseigner sur l'état de la route. Je remarque que celle-ci est entièrement sous la neige, et il doit y avoir des congères d’1 m50 de chaque côté. Ils m'expliquent que c'est comme ça sur 200 bornes. Je consulte le GPS. La prochaine station est à 140 kms j'ai une autonomie de 200, j'ai fait 50, ça devrait être bon et j'ai une réserve de 6 litres dans le panier. Je m'engage sur la route. A 50/60 ça va mieux sur la poudreuse que sur la glace et il fait un beau soleil.
C'est magnifique. 2 kms plus loin, je croise un papy joggeur, je m’arrête et redemande l'état de la route mais il me confirme et m'informe qu’il a fait -30 la nuit précédente. Si le vent se lève il va rabattre toute la neige sur la route et je serai coincé. Je continue quand même sur quelques kms puis m'arrête prendre quelques photos. Je dois me rendre à l'évidence. Passer par la Suède n’est pas possible, par la Norvège c’est trop lent. Je dois faire demi-tour. Le papy joggeur arrive à ma hauteur, on discute, on échange, il m'invite à boire le café. Je le monte en passager sur la moto et on file chez lui. Klaus me prépare un petit 4 heures. Son chalet est splendide et son accueil vraiment chaleureux. Vu ma déception de faire demi-tour, cette chaleur humaine me fait du bien et je me dis que je n'ai pas tout perdu, que ce n'est pas un échec. Il y a les rencontres avec les gens et ça aussi c'est l'aventure.
J'ai roulé sur 400 kms de glace que je dois refaire pour redescendre. Je dois prendre la décision de repartir de chez lui. La nuit tombe vite et les températures aussi. Je renfile mon équipement Gerbing qui me garde bien au chaud et je redescends chez le motard pour lui demander s’il accepterait de m’héberger une nuit de plus afin de planifier ma descente. Je voulais descendre par la Finlande mais ça va être compliqué à cause de l’impossibilité des routes suédoises. Je décide de redescendre par les fjords et la route de l'atlantique. Le motard et ses copains acceptent sans difficulté de m'accueillir pour la nuit. Ils me préparent un bon repas et c'est fête et moto neige une grande partie de la nuit. Les balades en moto neige sont géniales avec la rencontre des rennes dans les forêts, les plaines. Ce la restera un moment gravé dans ma mémoire à jamais.
Au huitième jour, J’ai du lourdement insister pour payer mon petit déjeuner que le patron de l’hôtel voulait encore m’offrir. Je vais faire mes adieux à mes nouveaux copains autour d'un petit café. Je décide de me diriger vers la route de l'atlantique puis la route des aigles. La descente commence doucement. En fin d'après-midi, je regagne le goudron. Je n'enlève pas les clous malgré les 2 crevaisons qu'ils provoquent chaque jour. Je prends le temps de rouler, je fais des photos.
Bref c'est la cool attitude avant d’entamer mon neuvième jour. Je décolle tôt car je prévois de camper juste au départ de la route de l'atlantique le soir (près de Kristiansand) afin d'en profiter un max le lendemain. A l'approche des fjords, je suis émerveillé. Les montagnes qui plongent dans l'océan très calme, les petits villages de pécheurs et le coucher du soleil sont des visions quasi irréelles. Fait marquant du jour, je crève juste devant un marchand de pneus. Il ne prend pas la CB ni les euros, je n'ai plus de monnaie locale et le pire, c'est qu'il a des bombes anti crevaison qu'il refuse de me vendre. Apres avoir beaucoup insisté, je lui dis que je vais dormir devant sa porte jusqu'à ce qu'il répare. Finalement, il accepte de troquer une bombe anti crevaison contre un paquet de cigarettes.
Après une pause casse-croute à Kristiansand, j'en profite pour visiter cette très charmante petite ville faite de béton et de jolies petites maisons en bois. C'est très calme, les températures sont douces. La paisibilité du lieu me donne envie d'aller planter ma tente dans un fjord au bord de l'océan. Tout en me rapprochant de la route de l'atlantique, je cherche ce lieu de campement que j'imagine. C'est très dur en side de trouver. Il faut prévoir la place de manœuvrer et de faire un demi-tour en cas de voie sans issue. Je me rapproche de plus en plus de la route de l'atlantique. J’arrive à un péage. Je paie et je me trouve sur une petite île magnifique recouverte de très charmantes maisons, toutes illuminées devant lesquelles sont stationnées des voitures de luxe. Je dois être sur le "star Island" locale. Il y a même une plateforme pétrolière assez impressionnante par sa taille posée au milieu de fjord. J’arrive finalement à trouver un ilot sur la route de l'atlantique. L’océan m'entoure, les températures sont positives. C’est relaxation et bonheur total.
Dixième jour de mon périple et je me réveille au petit matin entouré par l'océan. Sur la route de l'atlantique, je décide de rebrousser chemin pour la revoir dans la clarté. Je traverse les ilots de ponts en ponts. Je prends le temps d'admirer les montagnes au loin puis je regagne le continent. Les températures sont clémentes, le side a maintenant complètement dégelé. Je prends la direction de la route de l'aigle dans le fjord de Gerainger. Je roule sur de grands axes puis sur de petites routes encore gelées. Heureusement que j'ai gardé les clous. En début d'après-midi, je longe le fameux fjord où les immenses falaises tombent dans l’océan.
De l'autre côté, j’aperçois le village de Gerainger. Je me gare sur le parking et j'attends le ferry pour traverser. J'en profite pour échanger un peu avec les quelques locaux présents qui m'informent que la route est fermée en prévision d'une tempête.
C'est vraiment une grosse déception pour moi pour 2 raisons. Je n'aurai peut-être pas l'occasion de la refaire et cela signifie la fin du road trip.
Maintenant, il faut penser au retour. Je reprends la route doucement en direction de la E6 en traversant les montagnes pour rejoindre Dombas de l'autre côté. Je consulte mon Gps comme souvent pour planifier mes ravitaillements en carburant. La route se trouve dans un couloir entre 2 montagnes et les nuages sont très très bas. Au fur et à mesure que je monte, les conditions sont de plus en plus difficiles. Je comprends ce qui m'attend quand je vois les panneaux qui indiquent les chaînes obligatoires pour les camions. Je ne suis pas sûr de pouvoir atteindre la prochaine station pour le carburant et décide d'utiliser mon jerrycan de secours.
Et c'est à ce moment que je m'aperçois que je suis de nouveau crevé à l'arrière. J'ai tout de même réussi à rejoindre la station de Bjorli limite à la tombée de la nuit. Je fais le plein et achète une énième bombe anti-crevaison. Il y a de la m... dans la valve ou de la glace ! La mousse ne pénètre pas dedans je débouche à coup de gonfleur. J'arrive tout de même à en mettre dans mon pneu, suffisamment, je l'espère.
Puis c'est reparti en direction de Dombas, la destination finale pour cette journée. Il fait nuit quand la tempête annoncée arrive. C'est la grosse grosse galère. Je prends d'énormes rafales latérales, le vent rabat la neige sur la route. J'en ai plein la visière. Les véhicules derrière moi m'éblouissent, ceux de devant aussi. Je ne sais même pas ou je roule. J'essaie d'anticiper les rafales, mais j'ai l'impression qu’elles m'arrachent la tête ! Je fais de gros écarts avec le side et je sais que ça ne pardonne pas! J’ai les boules! C'est un gros soulagement quand j'aperçois tout en bas les lumières d'une ville. Pourvu que ce soit Dombas mais il me reste encore 50 bornes à faire ! Et je n'imagine même pas m'arrêter maintenant pour trouver un endroit où camper. Je ne trouverai pas, la visibilité est trop réduite. Pas le choix il faut continuer. C'est vraiment un gros soulagement d’atteindre Dombas. Je me réfugie dans le premier hôtel que je trouve, je suis vanné.
Le matin du onzième jour, il y a encore du vent, mais beaucoup moins, alors direction Oslo. Je fais ma première halte à Lillehammer pour voir le toboggan des jeux olympiques. Sur la route, j'alterne entre glace, neige et goudron. Le site des JO est vraiment impressionnant, le ski ne m'intéresse pas plus que ça mais je suis content de l'avoir vu. L'après-midi est déjà bien avancée quand je reprends la route. Après 2 crevaisons supplémentaires, j'arrive à Oslo vers 19h. Les routes sont verglacées mais pas suffisamment pour que les clous pénètrent bien alors je fais gaffe.
Je visite un peu la ville, c'est vraiment sympa surtout quand je circule sur les rails de tramway ou les roues du side se calent et me font rouler en crabe. Le brouillard est givrant, c'est tellement verglacé que ça glisse tout seul ; c'est très amusant. Apres m'être restauré et avoir pris le temps de visiter et faire des photos, je campe à la sortie de la ville.
Le douzième jour, je sors de Norvège avec pour but Göteborg en Suède. A froid le side déconne un peu, il tourne sur 3 cylindres en dessous de 3000 tours, mais dès que le moteur est chaud, il revient sur 4 cylindres. Je vérifie un peu tout mais difficile de savoir si c'est un défaut de carburation ou un souci d'allumage dû à l'humidité sans approfondir. Il est midi sous le grand soleil quand je décide de m'arrêter pour enlever définitivement les clous. Le soir, je visite Göteborg. C'est une ville magnifique avec plein de beaux bâtiments. J'ai le temps, j'en profite pour faire plein de photos. Puis je reprends la route pour trouver un endroit où dormir. Je suis très méfiant. Les températures oscillent entre le positif et le négatif, le sol est très boueux et je ne voudrais pas me retrouver coincé comme en Allemagne en montant. Ce sera la première fois que mon duvet n'est pas congelé quand je le sors du panier.
Les deux derniers jours, je quitte la Suède, traverse le Danemark puis redescends par l’Allemagne jusqu'en France. La neige et la pluie me suivront quasiment jusqu'à chez moi. Le side déconne de plus en plus. Il est temps de rentrer pour lui. C'est la fin d'une aventure formidable, je suis fier de moi même si je n'ai pas été jusqu'au bout.
Il fallait tout de même oser le faire ...
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Commentaires
2didierLundi 12 Septembre 2016 à 22:22sont quand même forts les gars de la ffmc01 mais eddy c'est notre aventurier un vrais de vrais
3Bernard EMardi 13 Septembre 2016 à 00:394StefMardi 13 Septembre 2016 à 06:245papymotardMardi 13 Septembre 2016 à 12:16bravo Eddy,il faut vraiment avoir le moral,moi quand je créve 1 fois tout les 5 ans je rale...Super recit ,,ecrit un livre..... Jamais tu as songé a renoncer avec toutes tes galeres..Heureusement tu as fait de belles rencontres .BRAVO encore...
6OutlawMardi 13 Septembre 2016 à 13:56Chapeau l'Artiste.
un exemple pour tous tant part la qualité de la préparation et de l'organisation que par le grain de folie qui t’anime ou l'espoir que représente les rencontres que tu as faite et ton parcours perso et motard.
BRAVO ENCORE UNE FOIS !
7Le LouisMardi 13 Septembre 2016 à 14:00Merci Eddy
Belle odissey, même si tu n'es pas Ulysse car lui n'était pas seul; tu mérites un grand respect de tout le monde.
Chapeau bas mon gars
8eddyMercredi 14 Septembre 2016 à 12:31Merci les gars mais vous savez, pour faire un truc comme ca, il faut de l'aide et du super matos et a ce niveau, mes sponsors ont été très bons, autant niveau conseils que matos. Il ne faut pas oublier que le side n'etait pas a moi. Le mec qui a prêté son side a un gars comme moi sans expérience sur ce type d'engin a bien plus de mérite que moi.
Mais sans folie, sans aventure, la vie serais tellement monotone et puis il faut penser aux autres aussi un peu.
Merci pour vos commentaires, ca fait chaud au coeur et merci a Jacques pour cet excellent blog !
Eddy
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Eddy, encore merci pour la qualité de ton article, et un grand bravo pour le voyage et l'aventure humaine que cela représente...
Chouette moment partagé de très loin, grâce à la solidarité et notre passion pour la moto !